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Comment apprivoiser la douleur de la solitude

La solitude peut causer une grande souffrance psychique contre laquelle on se sent souvent impuissant. Encore plus par temps de crise sanitaire. Il est pourtant possible d’en réduire la portée pour la rendre supportable. Et même bienfaisante. Voici six conseils pour vous réconcilier avec elle.

Depuis le début de la crise sanitaire, SOS Amitié croule sous les appels. Chaque jour, le téléphone sonne 8000 fois au standard de l’association. Soit une hausse d’un tiers des appels par rapport à la même période en 2019. Au bout du fil, de plus en plus de personnes seules, angoissées, parfois suicidaires. Et la tendance devrait s’accentuer avec l’entrée en vigueur du couvre-feu et le risque d’un reconfinement. Pour faire face à cette vague et laisser le moins d’appelants possible sur le carreau, l’association qui fête cette année ses 60 ans, est à la recherche de 500 bénévoles supplémentaires. La solitude peut faire mal. Vraiment mal. L’équipe de Tor D. Wager, professeur de neurosciences et de psychologie à l’université du Colorado à Boulder a ainsi montré en 2011 que le rejet social activait le système neuronal de la douleur, comme le ferait une blessure physique. Nous avons donc pris l’habitude de fuir cette émotion douloureuse en nous distrayant. Et s’il fallait plutôt affronter la solitude pour mieux la vivre ? Voici six conseils pour vous aider à surmonter ce sentiment douloureux.

1 – Vivez la situation comme une expérience introspective. Stigmatisée, dévalorisée, la solitude est souvent vécue comme une sorte de honte sociale par un grand nombre de personnes. Beaucoup se sentent même coupables d’être seul.e.s, comme si la norme était de vivre à plusieurs, en famille (recomposée ou non), avec un conjoint, des ami.e.s, une compagne ou un compagnon, des enfants… Commencez par mettre à distance cette convention et considérez votre solitude sans jugement de valeur ni culpabilité. Etre seul.e, c’est aussi l’occasion de vivre une expérience avec vous-même, d’aller à la rencontre de vos émotions, de votre histoire, de votre intériorité, de mieux vous connaître. Ce voyage vers soi a de multiples vertus : vous vous recentrez, vous affrontez vos angoisses, vous prenez conscience de vos blocages et schémas mentaux limitants.

2Ne cherchez pas à fuir votre émotion. Vous vous sentez seul.e ? Ne tentez pas de vous distraire en vous plongeant dans votre téléphone portable ou en allumant la télé. Bien-sûr, cela peut être très inconfortable. Essayez pourtant de ne pas résister : pleurez, si les larmes viennent. Criez, si vous en ressentez le besoin. Si vous vous laissez traverser par l’émotion sans tenter de la contrôler ou de la refouler, la douleur s’estompera plus vite et perdra en intensité. Les enfants font ça très bien : ils crient, ils pleurent puis passent à autre chose.

3- Tentez d’apprivoiser le silence. Le silence peut faire peur. Nous sommes sans cesse plongés dans le bruit : le brouhaha de la rue, les sonneries de nos smartphones… Or celui-ci permet de vous connecter à vous-même réellement. Ces temps de rien sont aussi bénéfiques pour le cerveau. Essayez de vous offrir chaque jour un bain de silence. Procédez par étape. Par exemple, vous pouvez vous donner un temps de silence de 30 minutes par jour. Cela peut être l’occasion d’une balade ou d’une activité calme qui ne soit pas une distraction. Soyez juste présent à vous-même pendant ce temps.

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4- Prenez soin de votre corps. On pense souvent que corps et esprit sont séparés. Or c’est faux : notre humeur est directement liée à l’état de notre corps. On sait aussi aujourd’hui que ce que nous mangeons influence notre cerveau et nos comportements. Des études épidémiologiques récentes ont même révélé l’existence d’un lien entre une mauvaise alimentation et le développement de certaines dépressions. Problème : souvent nous ne faisons pas attention aux messages que notre corps nous envoie. Pour vous reconnecter à vos besoins corporels, vous pouvez pratiquer le scan corporel.

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5 – Reconnectez-vous à la nature. Plusieurs études récentes ont montré qu’une balade en forêt, par exemple, nous rend plus heureux. On sait aussi que l’émerveillement que la nature nous procure agit sur notre système nerveux autonome (la partie du système nerveux responsable des fonctions non soumises au contrôle volontaire). Et notamment sur le nerf vague, ce long conduit nerveux qui prend naissance dans le tronc cérébral, tout au fond du crâne, et qui raccorde le cerveau au cœur. Or une augmentation de l’activité du nerf vague apaise l’organisme en ralentissant le rythme cardiaque et augmente le taux d’ocytocine qui favorise le bien-être.

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6 – Faites de vous-même votre meilleur ami. Il y a aussi du bonheur dans la solitude. La liberté de faire ce que l’on veut au moment où l’on veut, bien sûr. Mais pas seulement : seul, il est plus facile d’atteindre cet état de calme, de paix et de bien-être ressenti lorsqu’on se repose vraiment, sans être distrait ou stimulé par son environnement ou les personnes autour. Lorsque vous ressentez cet état, essayez de garder en mémoire ce moment, comme si vous le marquiez d’une pierre blanche. Notez ce qui vous a permis de l’atteindre : la présence de la nature, un feu dans la cheminée… Pour pouvoir le retrouver plus facilement. Dans ces moments, vous n’êtes pas seul.e mais pleinement connecté.e à vous-même.

Judith Mercadet

Sources et références :
Cette Gym du cerveau est inspirée d’un article d’Emma Seppala publié sur le site du Greater Good Magazine.
-L’étude sur la douleur de la solitude : https://www.pnas.org/content/early/2011/03/22/1102693108.abstract
-Sur le contrôle des états mentaux et la nécessité du lâcher prise émotionnel : http://wexler.free.fr/library/files/wegner%20(1994)%20ironic%20processes%20of%20mental%20control.pdf

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