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Donald Trump, Covid 19+ et aussi… « narcissique malfaisant » !

Image tirée du documentaire américain #Unfit, The psychology of Donald Trump de Dan Partland

C’est la conclusion alarmante d’une association de psychiatres américains. Un diagnostic qui s’ajoute à un tableau clinique déjà préoccupant…

Il pensait être le plus fort. Plus malin que ce virus pourtant si fourbe qui a coûté la vie à plus d’un million de personnes dans le monde et fait plus de 200 000 victimes aux États-Unis. Assez robuste aussi pour tirer le diable par la queue, et passer entre les gouttelettes. Après avoir minimisé le danger, fustigé même le port du masque, Donald Trump a fini par être rattrapé par la réalité de la pandémie. Testé positif jeudi 1er octobre, il a été hospitalisé le lendemain. Ses docteurs se sont montrés d’abord rassurants avant de laisser planer le doute sur la sévérité de ses symptômes. Âgé de 74 ans, de forte corpulence – il souffre d’obésité modérée – Donald Trump fait partie des personnes les plus à risque de contracter une forme grave de la maladie. Comment a-t-il pu à ce point nier la réalité de la pandémie et précipité son pays dans la tragédie ? Depuis 2016, année de l’annonce de sa première candidature à l’élection présidentielle américaine, la santé mentale du magnat de l’immobilier fait l’objet de beaucoup de suppositions. De quelle pathologie souffre-t-il donc ?

L’hubris en folie

L’attitude du président américain illustre ainsi parfaitement les effets du « syndrome d’Hubris », décrit par Lord David Owen. Ce médecin psychiatre britannique qui fut ministre puis secrétaire d’État aux Affaires étrangères, de 1976 à 1979, et diplomate, est un habitué des arcanes du pouvoir. Il y a pu observer à loisir les comportements des hommes et des femmes d’État. Dans son livre The Hubris Syndrom, Bush, Blair and the Intoxication of Power (Politico’s Publishing) publié en 2007, il décrit précisément cette autre « maladie » qui contamine, selon lui, presque à coup sûr les chefs d’État. Un trouble du comportement caractéristique dont les symptômes sont les suivants :  

  • Une inclination narcissique à voir le monde prioritairement comme une arène où exercer son pouvoir et rechercher la gloire.
  • Un souci disproportionné pour l’image et l’apparence.
  • Une confiance excessive en son propre jugement et un mépris pour les critiques et les conseils d’autrui.
  • Une perte de contact avec la réalité souvent associée à un isolement progressif. 

Une description qui semble avoir été créée spécialement pour le milliardaire ! Pour Lord David Owen, le syndrome d’Hubris (qui n’a pas encore été reconnu officiellement comme une maladie mentale) est la conséquence non pas d’un virus mais d’une trop grande dose… de pouvoir. On sait aujourd’hui que celui-ci a des effets concrets sur le cerveau : il y provoque une hausse de la testostérone, qui aura pour conséquence un afflux de dopamine, un neurotransmetteur ­précurseur de l’adrénaline. Pour le meilleur : la dopamine va booster le cerveau. Mais aussi pour le pire : le pouvoir serait la drogue la plus puissante au monde. Pas si étonnant que cela… L’addiction est en général liée à notre illusion de contrôle. L’accro aux jeux est convaincu qu’il peut avoir une influence sur les lois de la probabilité. Or le pouvoir donne, par définition, le sentiment que l’on peut contrôler non seulement sa propre vie mais aussi celle des autres ! Comme pour tout type d’addiction, certaines personnes sont plus à risque que d’autres : celles qui recherchent une satisfaction narcissique à tout prix. Donald Trump fait partie de ceux-là. La présidence ne l’a pas corrompu, il souffrait déjà du syndrome d’hubris avant son arrivée à la Maison blanche ! Il est à la tête de l’entreprise familiale depuis 1971, qu’il a d’ailleurs vite renommée The Trump Organization. Et qu’il a fait grossir à coup d’investissements dans l’immobilier. L’hubris est donc une potion toxique que le président américain goûte depuis longtemps. Comme Obélix, il est même tombé dedans quand il était petit !

Le poison familial 

Dans son livre Too Much and Never Enough : How My Family Created the World’s Most Dangerous Man (« Trop et jamais assez : comment ma famille a créé l’homme le plus dangereux du monde », en français), Mary Trump, sa nièce, raconte ainsi les événements dont elle a été témoin dans la maison des parents de Donald Trump à New-York. Son grand-père, Fred Trump, le père de Donald et de ses quatre frères et sœurs, était un sociopathe autoritaire, dit-elle, qui tyrannisait ses enfants. Son propre père, humilié en permanence, y compris par son petit frère Donald est décédé en 1981, à 42 ans, d’une crise cardiaque liée à son alcoolisme. Pour cette psychologue clinicienne de 55 ans, « Les pathologies de Donald sont si complexes et ses comportements souvent si inexplicables qu’établir un diagnostic complet demanderait toute une batterie de tests psychologiques et neurophysiques qu’il ne passera jamais » écrit-elle. Mais celle-ci avance quand même une hypothèse. Selon elle, Donald Trump réunit les critères cliniques qui définissent la personnalité narcissique : une tendance omniprésente à la grandiloquence, au besoin d’adulation et au manque d’empathie. 

Un dangereux narcissique

Mais certains vont même plus loin. Un groupe de psychiatres et de professionnels de la santé mentale américains réunis au sein d’une association nommée « Duty to warn », (le devoir d’alerter), tentent depuis plusieurs années d’avertir les Américains de la dangerosité de leur président. En février 2017, l’association a signé une lettre ouverte indiquant que l’état mental de Donald Trump « le rend incapable de servir son pays en toute sécurité ». Duty to Warn avait même lancé une pétition en ligne réclamant que celui-ci soit destitué « conformément à l’article 4 du 25e amendement à la Constitution, qui stipule que le président sera remplacé s’il est incapable de s’acquitter des pouvoirs et fonctions de son bureau ».  Quelques semaines avant l’élection présidentielle, ces derniers ont décidé de prendre la parole une nouvelle fois. Dans le documentaire #Unfit, The psychology of Donald Trump sorti mi-septembre aux États-Unis et qui n’est pas encore diffusé en Europe, ils établissent un diagnostic plus précis encore. Et… très effrayant.

Selon eux, Donald Trump serait un « narcissique malfaisant », un type de personnalité plus rare et surtout plus dangereux que les simples profils narcissiques. Le film détaille ainsi les quatre traits de caractère qui définissent ce syndrome :

  • La paranoïa : chez Donald Trump, celle-ci s’exprime dans son obsession du complot et sa tendance à traiter en ennemi toute personne exprimant un désaccord avec lui.
  • Le trouble de la personnalité antisociale : le président américain a été pris plusieurs fois en flagrant délit de mensonge. On l’a vu, par exemple, en conférence de presse, se moquait ouvertement d’un journaliste handicapé.
  • Le sadisme : il multiplie les insultes et les attaques ad hominem sur son compte twitter.
  • Le narcissisme : le président américain a mis son nom au sommet de plusieurs tours…

Souvent mégalomane et toujours prêt à élever les niveaux d’hostilité, le « narcissique malfaisant » sape les organisations dans lesquelles il est impliqué, et déshumanise les personnes avec lesquelles il s’associe. Selon les psychiatres interrogés dans le documentaire, le 45 ème Président des États-Unis serait même de la trempe d’autres narcissiques malveillants tristement célèbres, comme Mussolini ou même Hitler. Il en a d’ailleurs le goût pour les scénographies dramatiquement grotesques. De retour à la Maison Blanche, lundi 5 octobre, après quelques jours passés à l’hôpital, le président américain n’a pas hésité à se mettre en scène sortant de son hélicoptère dans une vidéo aux airs de bande annonce de blockbuster américain.

Judith Mercadet

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