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Covid-19 : alerte rouge sur la santé mentale des Français !

Anxiété, états dépressifs, troubles du sommeil, idées noires… La situation épidémique et les mesures prises pour la contrôler affectent sérieusement la santé mentale de la population. En particulier en termes de symptomatologie anxiodépressive.

Depuis le 23 mars 2020, l’enquête CoviPrev initiée par Santé publique France analyse l’évolution des comportements (gestes barrières, confinement, consommation d’alcool et de tabac, alimentation et activité physique) et de la santé mentale (bien-être, troubles) des Français.

Les résultats présentés dans cet article concernent la vague 21 (15-17 février 2021). Sur cette période une augmentation significative des états anxieux (+4 points) et des états dépressifs (+3 points) est observée par rapport à la vague précédente (vague 20, 18-20 janvier). Les états anxieux et dépressifs ainsi que les problèmes de sommeil se maintiennent à un niveau élevé. Revue de détail.

La satisfaction de vie actuelle

La satisfaction de vie actuelle (77,6% se déclarent satisfait de leur vie en vague 21) est supérieure à celle observée au début du premier confinement (66,3% en vague 1 ; 23-25 mars). Elle s’était progressivement améliorée en vague 2 (74,2% ; 30 mars-1er avril) puis à la levée du confinement (80,1% en vague 7 ; 13-15 mai).  La satisfaction de vie s’est depuis stabilisée mais reste inférieure à celle observée hors période d’épidémie (-7 points par rapport aux données du Baromètre de Santé publique France 2017).

Un niveau d’anxiété toujours élevé

Les états anxieux, très élevés au début du premier confinement (26,7% en vague 1 ; 23-25 mars), avaient connu une diminution importante lors des premières semaines d’enquête (21,5% en vague 2, 30 mars-1er avril et 18,1% en vague 3 ; 14-16 avril). Ils ont continué d’évoluer légèrement à la baisse jusque fin juin (15,1% en vague 11 ; 22-24 juin) avant de reprendre une tendance à la hausse jusque début novembre (20,8% en vague 17 ; 4-6 novembre). Les états anxieux ont augmenté en vague 21 et se maintiennent à un niveau élevé (22,7% vs. 13,5% dans le Baromètre Santé publique France 2017).

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Hausse des états dépressifs

Les états dépressifs, après une augmentation observée entre les vagues 3 (17,6% ; 14-16 avril) et 4 (20,4% ; 20-22 avril), avaient significativement diminué après la levée du premier confinement (14,1% en vague 7 ; 13-15 mai). Leur prévalence a ensuite doublé entre la vague 15 (10,9% ; 21-23 septembre) et la vague 17 (20,6% ; 4-6 novembre) et se maintiennent à un niveau élevé (22,7% lors de la vague 21 vs. 10% dans le Baromètre Santé publique France 2017). Les états dépressifs ont augmenté en vague 21 et, plus globalement, par rapport au début du premier confinement (19,9% en vague 2 ; 30 mars-1er avril).

Un sommeil perturbé

Les problèmes de sommeil ont globalement augmenté depuis le début du premier confinement passant de 61,3% en vague 2 (30 mars-1er avril) à 65,8% en vague 21 et se maintiennent à un niveau élevé (supérieur à 60% vs. 49% dans le Baromètre Santé publique France 2017). De plus, selon l’enquête INSV/MGEN 2021*, 45% des Français ont présenté un trouble du sommeil et 26% une moins bonne qualité de sommeil, durant le deuxième confinement. Par ailleurs, on observe une très grande fatigue pour 17% des Français ainsi qu’une santé psychologique altérée pour plus d’un 1/3 d’entre eux. Les personnes touchées par la Covid-19, les jeunes et les femmes sont les plus concernés ainsi que les personnes exclusivement en télétravail.

Des publics surexposés

  • Les personnes déclarant des antécédents de trouble psychologique, celles ayant ou ayant eu des symptômes de COVID-19, les personnes déclarant une situation financière très difficile ainsi que celles sans activité professionnelle (inactifs) pour les trois indicateurs : anxiété, dépression, problèmes de sommeil.
  • Les femmes pour les états anxieux et les problèmes de sommeil.
  • Les 18-24 ans, les étudiants et les personnes vivant dans un logement surpeuplé (moins de 18 m² par personne ou moins de 25 m2 pour les personnes vivant seules) pour les états anxieux et les états dépressifs ;
  • Les 25-34 ans pour les états anxieux.
  • Les chômeurs pour les états dépressifs :
  • Les personnes présentant un risque de développer une forme grave de COVID-19 pour les états dépressifs et les problèmes de sommeil.

Quels déterminants psycho-affectifs ?

Il s’agit des émotions ressenties vis-à-vis de la situation épidémique, associés à une santé mentale plus dégradée, en vague 21 (15-17 février). Et cela quelles que soient les caractéristiques sociodémographiques et les conditions de vie des personnes interrogées.

  • L’inquiétude à l’égard de la santé pour les états anxieux et les problèmes de sommeil.
  • L’inquiétude à l’égard de la situation économique et la colère pour les états anxieux.
  • Le sentiment de solitude pour les états anxieux et dépressifs.
  • Le sentiment de déprime pour les états anxieux et les problèmes de sommeil.
  • Les sentiments d’isolement, de peur, d’impuissance et de frustration pour les états dépressifs.

Comment réagir ?

Vous présentez des signes de dépression (tristesse, perte d’intérêt, d’énergie) ou d’anxiété (tension, irritabilité) ? Dans ce cas, il est important de s’informer et d’en parler afin d’être conseillé sur les aides et les solutions disponibles. Il ne faut pas hésiter à prendre conseil auprès de son médecin ou à appeler le 0 800 130 00 pour demander à être orienté vers une écoute ou un soutien psychologique.

Eric Jamin (avec Santé Publique France)

* Questionnaire OpinionWay auto-administré en ligne sur système CAWI du 8 au 15 janvier 2021 auprès 1010 sujets âgés de 18 à 65 ans, représentatifs de la population métropolitaine.

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