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Covid Blues ? Attrapez le virus du rire pour en sortir… MDR !!

Le confinement vous pèse ? Ras-le-bol des informations anxiogènes ? Faites le plein d’énergie positive, renforcez votre système immunitaire et soulagez vos douleurs grâce au yoga du rire. Une incroyable gymnastique des zygomatiques qui connaît un succès planétaire !

Oh oh ah ah ah ! C’est l’onomatopée la plus célèbre du monde. Un espéranto émotionnel que parlent tous les cœurs de la Terre. « Le chemin le plus direct entre deux personnes », disait Chaplin. Même lorsqu’il n’y a aucune raison de rire. Rire pour rien, rire de rien : oui, c’est possible ! Juste rire. Ni des autres ni de soi. Sans se moquer, sans grimacer, sans blaguer, sans aucun déclencheur comique. Rire comme un acte physique. Un exercice purement mécanique, musculaire. Qui passe par le corps et non par l’intellect. Mais qui pourtant va produire les mêmes bienfaits physiologiques et psychologiques qu’un rire spontané, involontaire. Pourquoi ? Parce que le corps ne fait pas la différence entre rire simulé et rire authentique. Même si le « faux rire » active des zones différentes du cerveau, il procure à son auteur des bénéfices comparables au rire naturel.

C’est sur cette heureuse illusion neurosensorielle, scientifiquement établie, que repose le principe fondateur du yoga du rire. Une méthode à visée thérapeutique fondée par Madan Kataria, médecin à Bombay (Inde), et sa femme Madhuri, professeure de yoga.  Inspiré par la lecture du livre « La volonté de guérir », du journaliste américain Norman Cousins (dans lequel ce dernier raconte sa guérison d’une spondylarthrite ankylosante grâce au rire), le Dr Kataria a aussi été influencé par les travaux du Dr Lee S. Berk sur les multiples bienfaits du rire pour la santé. Mais son approche personnelle, tout en s’inscrivant dans cet héritage, se démarquera nettement des thérapies classiques par le rire.

Tout a commencé le 13 mars 1995. Ce jour-là, Madan Kataria, stressé et à la recherche d’une solution pour sortir de son mal-être se lève aux aurores. « Je me suis réveillé à 4 heures du matin et j’arpentais mon salon, désespéré de trouver une solution au stress auquel j’étais confronté. Une idée m’est alors venue : si le rire était vraiment si bon, pourquoi ne pas créer un club de rire ? J’étais extatique et j’avais hâte de mettre en œuvre le concept. Trois heures plus tard, je me suis vite rendu au parc public où je me promenais tous les matins. J’ai essayé de convaincre quelques promeneurs réguliers de l’importance du rire et de l’idée de créer un club de rire. La réponse était prévisible. Ils étaient déconcertés et pensaient probablement que j’étais fou. Ils ont ri et se sont moqués du concept. Mais j’ai persisté et j’ai réussi à motiver 4 personnes sur 400. Le premier club du rire a commencé avec seulement cinq personnes », raconte-il dans son livre Laughter Yoga, Daily Practices for Health and Happiness. Aujourd’hui, on dénombre plus de 4000 clubs dans 105 pays et des centaines de milliers d’adeptes.

Placer le corps dans une action heureuse

Techniquement, le yoga du rire combine respirations profondes, étirements et exercices qui stimulent le rire. Pas besoin, souvenez-vous, d’avoir une bonne raison de rire ! Il suffit de rire pour provoquer les bienfaits du rire. Le rire est d’abord une décision, une expression qui passe par le corps. C’est l’originalité de la démarche. Sa signature méthodologique. À la différence de Norman Cousins, le Dr Madan Kataria n’a pas besoin de visionner les meilleures caméras cachées de l’année ou des films des Marx Brothers pour déclencher le rire. On rit, c’est tout. « Nous ne rions pas parce que nous sommes heureux ; nous sommes heureux parce que nous rions », a-t-il coutume de dire, citant le psychologue américain William James. Le rire, considéré sous cet angle, n’est plus une réaction involontaire mais une action volontaire.

« On place notre corps dans une action heureuse puis ça imprègne une émotion. On ne va pas se stimuler par la tête ; on va juste décider de rire. C’est ça la beauté parce qu’on a n’a pas besoin d’une raison pour rire. Il suffit de décider de rire, de garder l’esprit ouvert et de se dire je me permets de rire », expliquait, dans le même esprit, Linda Leclerc, professeure agréée de yoga du rire et fondatrice de l’École du Yoga du Rire, dans une émission télévisée en 2010. Formée par Madan kataria en personne, Linda Leclerc est la pionnière du mouvement en Amérique du Nord. Première Master Trainer au Canada (l’une des quatre premiers Master Trainers au monde), elle a fondé l’École du yoga du rire au printemps 2005.

Généralement, une séance de yoga du rire dure 60 minutes. Pas de tenue particulière requise, il suffit d’être « confortable ». En revanche, on se déchausse et l’exercice se déroule en chaussettes. Au menu : jeux de mimes, gestes symboliques, rires sonores, respirations…  Et grand fou rire collectif à la fin avant un temps de méditation. Prévoyez 3 à 6 séances avant de parvenir à un vrai lâcher-prise et ressentir les bienfaits de la pratique.

Mister Bean, remède miracle contre la douleur ?

Diminution du stress, renforcement du système immunitaire, régulation des fonctions cardiovasculaires, amélioration du sommeil, facilitation de la digestion, soulagement des douleurs, énergie positive et bonne humeur… Plusieurs études ont démontré les multiples bienfaits du rire pour notre santé. Ces effets positifs s’expliquent notamment par la production d’endorphines que déclenche le rire. Ces neurotransmetteurs fabriqués par le système nerveux central possèdent de vraies propriétés analgésiques que l’on peut comparer à la morphine.

Ce pouvoir anti-douleur du rire a été démontré par une expérience publiée en juin 2011 dans la revue Proceedings of The Royal Society B de l’Académie des Sciences britanniques. Les chercheurs ont mesuré la réaction à la douleur de volontaires qui regardaient des extraits de comédies TV (Mr. Bean, Friends…) ou des émissions sérieuses sur le golf ou la vie des animaux. La douleur était provoquée par le froid d’un manchon glacé ou par un garrot ultra serré. Les personnes qui regardaient des programmes comiques ont témoigné d’une résistance à la douleur supérieure de 10% à celles qui regardaient des documentaires.

Vitamine C, bonne bouffe et films comiques !

En 1964, le journaliste américain Norman Cousins (qui avait aussi une formation médicale), atteint de deux maladies graves dont une spondylarthrite ankylosante, avait expérimenté de manière bien plus spectaculaire les propriétés antalgiques du rire. Alors que ses médecins ne lui donnent qu’une chance sur 500 de guérison, il fuit l’hôpital, sa nourriture médiocre, son agitation permanente et son atmosphère anxiogène pour s’installer dans une chambre d’hôtel confortable, calme et où il pouvait se nourrir convenablement. Ce patient pas comme les autres estimait d’ailleurs non sans humour que « les hôpitaux n’étaient pas des endroits faits pour les personnes vraiment malades ».
Il organise alors sa propre prise en charge médicale à coup de doses massives de vitamine C en intraveineuse (pour ses propriétés antioxydantes qui freinent le vieillissement cellulaire et favorisent la formation du collagène) et…de films comiques ! Un cocktail magique qui ne tarde pas à produire ses effets. Dès sa première nuit à l’hôtel, il rit tellement que, pour la première fois depuis longtemps, il parvient à dormir plusieurs heures d’affilée sans souffrance. « Je fis cette merveilleuse découverte que dix minutes de rire m’assuraient au moins deux heures de sommeil sans douleur. Lorsque l’effet antidouleur du rire s’estompait, nous allumions à nouveau le projecteur de films et ce n’était pas rare, cela conduisait à un autre intervalle sans douleur… ». 

En quelques semaines, les douleurs s’estompent et quelques mois après il reprend son travail à la Saturday Review, tout en continuant son traitement spécial jusqu’à sa complète guérison. Une fois pleinement rétabli, il aura ces mots encourageants pour tous les malades, aujourd’hui encore : « Acceptez le diagnostic, refusez le pronostic ». Norman Cousins raconte son incroyable combat contre la maladie et sa découverte de la thérapie par le rire dans un livre publié en 1979 : Anatomie d’une maladie telle que perçue par le patient. 

Pour tester un verset de l’Ancien Testament…

Mais si on se sent beaucoup mieux après une bonne partie de rigolade, c’est aussi parce que le rire agit comme une sorte de gymnastique intérieure bienfaisante. Mécaniquement, il va accroître l’apport en oxygène du cerveau, stimuler la motricité intestinale, favoriser la détente musculaire, éliminer les toxines… Rire serait aussi bon pour le cœur selon les travaux Dr Lee S. Berk, chercheur en neuroendocrinologie à l’Université Loma Linda (Californie) ; la référence mondiale en matière de recherche scientifique sur le rire. Pour l’anecdote, ce scientifique s’est intéressé à la thérapie par le rire car il voulait savoir si le verset 17:22 de l’Ancien Testament qui affirme « qu’un coeur joyeux est un bon remède » disait vrai.

Une expérience conduite sur deux groupes de patients ayant eu un infarctus du myocarde a démontré l’effet bénéfique du rire. À l’issue de ce protocole, ceux qui étaient autorisés à regarder chaque jour un programme humoristique de 30 minutes présentaient moins de troubles du rythme, une tension artérielle plus basse et avaient moins besoin de leurs médicaments. En facilitant la circulation sanguine, le rire améliore l’oxygénation du muscle cardiaque et réduit ainsi le risque de formation d’un caillot. De plus, explique le Dr. Berk, le rire inhibe la libération de cortisol – une hormone du stress – qui peut provoquer le l’hypertension et des problèmes cardiovasculaires lorsqu’elle est produite en trop grande quantité.  Conclusion des chercheurs : « Un rire joyeux peut se mesurer par des réponses biologiques classiques dans le traitement du stress et le rire continue à produire ses effets relativement longtemps après la séance ».

Mettre le rire joyeux dans une pilule !

Spécialiste de l’impact des émotions positives sur le système immunitaire, le Dr Lee S.Berk a aussi établi que le rire contribue à accroître le taux d’anticorps. Avec son équipe de recherche, il a observé une augmentation des immunoglobines A (IgA)dans les muqueuses du nez et des voies respiratoires de patients ayant suivi une thérapie par le rire. Les IgA sont des composants essentiels de notre système immunitaire qui défendent notre organisme en cas d’infection par des virus, des bactéries ou d’autres micro-organismes.

Au milieu des années 90, les expériences de Berk ont démontré que des changements neuroendocrinologiques importants apparaissaient après un rire intensif. Comme, par exemple, l’augmentation des cellules T activées (lymphocytes T) dont on connaît l’effet positif en cas de cancers et de maladies cardiovasculaires. Ou encore la multiplication des cellules tueuses naturelles. « Il est étonnant de constater qu’une chose aussi simple qu’un rire franc peut permettre de moduler une cellule immunologique si importante que la cellule tueuse naturelle […] Manifestement, le rire franc modifie la physiologie et les substances chimiques des cellules naturelles et augmente leur nombre et leur activité, » s’émerveillait le Dr Berk.

Il ajoutera plus tard : « Les émotions positives telles que le rire ont un effet sur la biologie. Si nous pouvions mettre le rire joyeux dans une pilule, il faudrait vraiment avoir l’aval du ministère de la santé à cause de tous les changements que celui induit ».  En attendant l’invention de cette pilule miracle, riez de bon cœur tous les jours : c’est gratuit, à la portée de tous et ça fait un bien fou !

Nasser Negrouche

Comment et où pratiquer ?
Adhérer à un club de rire. Pour pratiquer le yoga du rire, le mieux est évidemment de rejoindre le club le plus proche de votre domicile (lorsque le confinement sera levé…). Les séances sont généralement gratuites. Vous trouverez votre structure locale sur l’annuaire du yoga du rire :  http://www.yoga-du-rire-observatoire.info/
Rire en ligne. Vous pouvez aussi, confinement oblige, participer aux séances organisées via Internet par plusieurs clubs de rire. Si vous ne pouvez pas vous déplacer ou que n’avez pas le temps de vous rendre dans un club, vous pouvez participer aux séances organisées par l’Institut français du yoga du rire et rire-santé. Le RIREENLIGNE est une solution pour accéder à 15 min de yoga du rire en continu. C’est gratuit et en libre-service. Programme, horaires et informations pratiques sur : https://www.formation-yogadurire.fr « Une session de yoga du rire en ligne ne remplace pas une séance de yoga du rire mais permet à ceux qui ne peuvent se déplacer, d’expérimenter les bienfaits de 15 minutes de rire en continu. Et à tous, d’entretenir sa bonne humeur et son positif grâce au rire », précise le site de l’Institut.
À domicile. Ce qui donne sa force à l’exercice, c’est la dynamique de groupe. Quand on est plusieurs, le rire est communicatif et circule facilement des un.e.s aux autres jusqu’à former un grand rire collectif. Mais il faut normalement un.e participant.e formé.e aux techniques du yoga du rire pour animer le groupe. Dans un premier temps, vous pouvez vous initier en douceur à la méthode du Dr Kataria en pratiquant les exercices suivants.

La Journée mondiale du rire
Lancée en1998 par le Dr Madan Kataria, le fondateur du yoga du rire, la journée mondiale du rire est célébrée chaque année le premier dimanche de mai. Objectif : construire une conscience globale de fraternité et d’amitié par le rire. En France, elle est célébrée chaque année depuis 2003 par Corinne Cosseron, fondatrice de l’École Internationale du Rire, qui a élargi le principe de cette journée à plusieurs jours de festivités constituant la plus grande fête annuelle du rire et du bonheur réunissant grand public et professionnels. Cette année, l’événement devait normalement se tenir le dimanche 3 mai à Paris. Il a été reporté à une date ultérieure en raison de la pandémie de Coronavirus Covid-19.

Sources et références
Berk, LS, Tan SA. : Humor associated laughter modulates adrenal cortico-medullary activity. In : The Endocrine Society 70th Annual Meeting ; June 8-11, 1988 ; New Orleans.
Berk, LS, Tan SA. : Humor associated laughter decreases cortisol and increases
spontaneous lymphocyte blastogenesis. Clin Res. 1988.
Cousins, N. : La Volonté de Guérir, Le Seuil, 1980.
Cousins, N. : The laughter connection. In : Head First – The Biology of Hope and the Healing Power of the Human Spirit. New York, NY : Penguin Books ; 1989.
Dillon, K. M, Mindiff, B. & Baker, K. H. : (1986) Positive emotional states and enhancement of the immune system. International Journal of Psychiatry in Medicine, 15.
Martin, R. & Lefcourt, H. (1983) : Sense of humor as a moderator of the relation between stressors and moods. Journal of Personality and Social Psychology, 45, 1313-1324.
Robinson, V. M. (1991) : Humor and the Health Professions : The Therapeutic Use of Humor in Health Care, 2nd., Slack Publishers.
Rubinstein, Henri : Psychosomatique du rire, Laffont 1983.

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