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Comment la méditation façonne notre génome

L’épigénétique démontre aujourd’hui la puissance de la méditation : elle peut ralentir le vieillissement et limiter les effets du stress.

Et si les bienfaits de la méditation pouvaient se transmettre à nos enfants ? C’est en tout cas la découverte extraordinaire d’une discipline qui est en train de révolutionner notre façon de penser l’inné et l’acquis : l’épigénétique, du grec epi, qui signifie « au-dessus ». Grâce à celle-ci, nous savons désormais que l’ADN n’est pas tout puissant. Nos expériences de vie, notre alimentation, nos croyances et émotions activent et désactivent chaque jour nos gènes. Surtout, ce que nous vivons aujourd’hui influencera le génome de nos enfants.

Pour comprendre, il faut imaginer que celui-ci est comme un collier fait d’une sorte de fil en double hélice, l’ADN, et de perles, les protéines histones. Ce collier est orné de marques épigénétiques comme la méthylation, et des ARN non codants. Ce sont ces décorations qui peuvent être modifiées par l’environnement et les expériences personnelles. Le fil, lui, porte le code génétique et ne change quasiment pas. Ces marques vont faire que tel ou tel gène va s’exprimer et déterminer la manière dont il va le faire. Des tatouages épigénétiques qui peuvent transporter du mauvais : les traumatismes psychiques laissent ainsi des marques épigénétiques sur le génome des cellules de notre cerveau qui vont influencer la façon dont celles-ci fonctionneront, et donc nos comportements. Et être à l’origine, par exemple, de dépressions inexpliquées.

L’amour gomme les traumatismes

Mais ces marques peuvent aussi transmettre du bon : on sait aujourd’hui que le soin et l’amour apportés aux enfants peuvent gommer la marque d’un traumatisme transmis de génération en génération. Mais pas seulement : tout ce qui, en somme, agit sur le fonctionnement du cerveau s’inscrirait de façon épigénétique sur ses cellules : les thérapies en tout genre… et la méditation ! Comment celle-ci agit-elle sur notre génome ? Elle pourrait d’abord retarder les effets du vieillissement. En 2011, des chercheurs ont étudié le génome de 30 méditants très entraînés à la suite d’une retraite de trois mois. Ils ont découvert que ceux-ci avaient un taux d’activité plus élevé de l’enzyme télomérase, qui prévient le vieillissement des cellules souches.  

Antidote au stress

Mais ce n’est pas tout. En 2014, Richard Davidson, un neurologue de l’université du Wisconsin aux Etats-Unis a exploré le génome de 19 méditants très entraînés après une journée de pratique intense (8h de méditation) et les a comparés à ceux d’un groupe ayant juste participé à des activités de loisirs. Résultat : les deux groupes ont montré des différences importantes en ce qui concerne la réaction inflammatoire (lorsque notre système immunitaire s’enclenche quand notre corps subit une agression externe – une infection par exemple – ou interne (des cellules cancéreuses). Cette réaction est souvent excessive chez l’humain aujourd’hui. L’entraînement à la méditation de « pleine conscience » affecterait ainsi les gènes pro-inflammatoires RIPK2 et COX2 ainsi que d’autres produisant l’enzyme, histone deacetylase (HDAC). Surtout, celle-ci agirait comme un antidote au poison du stress pour notre génome. Les méditants montraient ainsi également une réduction de l’expression de certains gènes permettant une meilleure récupération en cortisol à la suite d’un stress. A méditer…

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