Pour éviter la déprime hivernale, pratiquez le scan corporel !

L’humeur est sans doute liée à nos besoins fondamentaux. C’était déjà l’intuition des Grecs qui, dans l’Antiquité, faisaient le lien entre humeur et organes. Nous en avons d’ailleurs nous-mêmes l’intuition lorsque la faim qui nous tenaille le ventre nous met de mauvais poil. Dans un livre étonnant, How Emotions are Made, la neuroscientifique américaine Lisa Feldman Barret va plus loin. Avec son équipe, elle s’est penchée sur ce que les scientifiques appellent « l’interoception », soit la perception que nous pouvons avoir de notre propre corps : les battements de notre coeur, ceux de notre pouls par exemple, et même les sensations que nous procurent les mouvements de nos viscères… Et elle a fait une découverte étonnante : les zones du cerveau qui traitent ces données forment un réseau neuronal en lien avec celles gérant nos émotions et nos humeurs. Ainsi, nos humeurs seraient liées à l’état de notre corps.

En clair, notre cerveau fonctionne comme le département chargé des finances d’une entreprise. Il liste les recettes et les dépenses et effectue des transferts d’argent, afin que son budget reste à l’équilibre. Ce n’est pas de tout repos : sans cesse sollicité —chaque action, chaque pensée, a un coût énergétique -le cerveau va chercher à toujours compenser les dépenses par des gains. Les sensations de calme ou d’agitation, de plaisir ou de déplaisir, ce que les scientifiques nomment les « affects », seraient ainsi des résumés de l’état de notre « budget corporel » venant de notre système intéroceptif. Si vous vous sentez de mauvais poil de façon chronique, c’est sans doute que vous avez besoin d’un dépôt d’urgence. Dans ce cas, peut-être faut-il vous demander si vous dormez assez, ou si vous vous êtes alimenté correctement ces derniers jours, avant de rejeter la faute sur votre conjoint… Si le compte est OK, si votre réservoir est plein, vous êtes rempli d’énergie et c’est cette sensation de plein, d’énergie à disposition, que nous nommons « bonne humeur ».

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Mais pour le savoir, il faut être à l’écoute des messages que votre corps vous envoie ! Cet exercice vous aide à le ressentir, comme il est, sans le juger ou essayer de le changer. Cela peut vous permettre aussi de remarquer une tension dont vous n’aviez pas conscience jusqu’alors et ainsi de tenter de la relâcher.

Nous vous conseillons de répéter cet exercice trois à six fois par semaine pendant quatre semaines. Une étude a montré que les personnes qui pratiquaient le scan corporel sur une longue période engrangeaient davantage de bénéfices.

Vous pouvez pratiquer cet exercice allongé ou bien assis, ou dans une autre posture.

1. Commencez par amener votre attention dans votre corps.
2. Vous pouvez fermer les yeux si vous le souhaitez.
3. Prenez conscience de votre corps là où il se trouve, allongé ou assis sur une chaise. Ressentez pleinement son poids sur le siège, sur le sol.
4. Prenez quelques inspirations profondes.
5. Alors que vous inspirez profondément, ressentez comment l’oxygène emplit votre corps et lui donne vie. En expirant, détendez votre corps plus profondément.
6. Prenez conscience de vos pieds sur le sol, notez la sensation de vos pieds touchant le sol. Leur poids, la pression qu’ils exercent. Les vibrations de votre circulation sanguine, s’ils sont chauds ou froids.
7. Remarquez maintenant vos jambes, contre la chaise ou allongées sur le sol, la pression qu’elles exercent, leurs poids.
8. Observez votre dos.
9. Portez votre attention sur votre ventre. Est-il tendu ? Si oui, tentez de le détendre, de l’assouplir. Pour cela, respirez profondément.
10. Observez vos mains. Sont-elles crispées ? Autorisez-les à les détendre.
11. Portez votre attention sur vos bras, prenez conscience de toutes les sensations de vos bras. Laissez vos épaules se détendre et retomber.
12. Observez votre cou et votre gorge. Détendez-les.
13. Relâchez votre mâchoire, les muscles de votre visage.
14. Prenez conscience de l’ensemble de votre corps. Respirez profondément.
15. Lorsque vous vous sentez prêt, vous pouvez ouvrir les yeux.

Pendant huit semaines, cet exercice a été pratiqué régulièrement par les participants d’un programme de réduction du stress grâce à la pleine conscience (Mindfulness-Based Stress Reduction (MSBR)) organisé en 2006 par l’Ecole de médecine de l’université du Massachusetts. Le temps passé à pratiquer le scan corporel leur ont particulièrement permis de prendre davantage conscience de leurs propres pensées, sentiments et sensations et d’améliorer leur bien-être psychologique.

Muriel Sainte-Croix

Sources et références :
Carmody, J. & Baer, R. A. (2008).Relationships between mindfulness practice and levels of mindfulness, medical and psychological symptoms, and well-being in a mindfulness-based stress reduction program. Journal of Behavioral Medicine, 31(1), 23-33.