Longtemps relégué à sa seule dimension religieuse, le pardon – c’est-à-dire notre faculté à abandonner nos rancunes et à changer notre regard sur celui ou celle qui nous a fait du mal est surtout un mécanisme neuronal prodigieux ! Ce qui se passe alors exactement dans le cerveau reste encore un peu mystérieux. Des chercheurs de l’université de Pise, en Italie, ont ainsi étudié par IRM (imagerie à résonance magnétique) les cerveaux de dix volontaires en situation de pardon. Résultat, lorsque nous pardonnons, nous mettons en branle un système très complexe : nous stimulons le cortex préfrontal dorsolatéral, une zone qui régule les émotions mais aussi le cortex inféro pariétal et le précuneus, deux régions liées à l’empathie et à notre capacité à nous mettre à la place de l’autre. En faisant cela, nous réévaluons l’événement traumatisant en des termes plus positifs – ou, en tout cas, moins négatifs – et nous faisons un effort pour nous mettre à la place de la personne qui nous a fait du mal.
Une chose est certaine : pardonner nous permet surtout de nous libérer des pensées négatives qui nous obsèdent et finissent par nous rendre littéralement malade ( voir cet article de 6boolo).
Attention, pardonner ne signifie pas oublier ce qu’il s’est passé ou, le cas échéant, abandonner toute poursuite judiciaire. La justice et le pardon sont deux processus qui peuvent se mener parallèlement.
Ces neuf étapes ont été conçues par le Dr Fred Luskin de l’université de Stanford aux Etats-Unis pour accompagner les personnes qui veulent pardonner. Ce cheminement prend du temps et ne doit être engagé que si vous avez pris conscience du mal qui vous a été fait. Pardonner n’est pas un processus facile. Prenez le temps qu’il vous faut pour effectuer cet exercice à votre rythme, selon votre propre ressenti. N’hésitez pas à vous faire aider par un spécialiste surtout si vous avez vécu un événement traumatique.
- Ayez une vision claire de ce qui vous a été fait. Soyez capable de dire précisément pourquoi vous avez été blessé. Confiez-le à des personnes de confiance.
- Faites-vous la promesse d’aller mieux. Le pardon est une démarche à mener pour vous et vous seul.
- Pardonner ne signifie pas forcément se réconcilier avec la personne qui vous a blessé, mais c’est une façon de retrouver la paix en diminuant votre rancoeur et votre colère.
- Soyez lucide sur ce qui est en train de se passer en vous : reconnaissez que ce que vous ressentez est la conséquence, non pas de l’offense qui vous a été faite, mais de vos propres pensées. Ce sont elles qui provoquent en vous ces émotions négatives et ces sensations physiques désagréables.
- Dès que vous vous sentez envahi par des pensées négatives, tentez de pratiquer des exercices antistress. Vous pouvez prendre quelques respirations profondes, faire des exercices de respiration en conscience, sortir faire un tour, etc.
- Choisissez de ne plus attendre des autres ce qu’ils ne sont pas prêts à vous donner. Dites-vous que vos attentes -la santé, l’amour, l’amitié, la reconnaissance, la gratitude – sont légitimes. Mais sachez aussi qu’on ne peut pas les forcer.
- Mettez votre énergie dans une façon différente d’obtenir ce que vous souhaitez.
- Dites-vous que mener une belle vie est votre meilleure revanche. Plutôt que de vous focaliser sur vos sentiments négatifs et ainsi conférer du pouvoir à la personne qui vous a fait du mal, soyez attentif à l’amour, la beauté, la gentillesse qui s’expriment autour de vous.
- Modifiez la façon dont vous voyez votre histoire personnelle en y intégrant la décision héroïque que vous avez prise : celle de pardonner…
Judith Mercadet
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