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Koala, mon amour !

Avec son gros nez, ses petits yeux, son corps tout dodu et ses généreuses oreilles, cet animal emblématique de la côte Est de l’Australie a ému le monde entier. Pourquoi ?

80 000 km2 partis en fumée – l’équivalent de la Nouvelle-Aquitaine – 28 morts, 2000 maisons détruites et un milliard d’animaux tués. Depuis septembre 2019, la côte Est de l’Australie est ravagée par des incendies meurtriers auxquels ont succédé des pluies providentielles (mais qui provoquent parfois des inondations). Parmi les innombrables victimes de ce désastre écologique : les koalas, animaux endémiques de la région (entre le Queensland et le Victoria). 8000 d’entre eux auraient péri dans les flammes selon Sussan Ley, la ministre australienne de l’Environnement.

Les cendres noires des montagnes Bleues

Si le bilan chiffré définitif reste incertain en ce qui concerne le nombre d’animaux disparus, il est en revanche quasiment sûr que plus de 80% de la forêt d’eucalyptus des montagnes Bleues (en Nouvelles-Galles du Sud) et environ la moitié de la forêt tropicale de Gondwana ont été effacés de la carte. Un drame supplémentaire pour les koalas qui se nourrissent exclusivement de feuilles d’eucalyptus. D’autre part, une large partie de l’île Kangourou – qui abrite la principale colonie de koalas en bonne santé (beaucoup sont touchés par une maladie qui les rend aveugles) – a aussi été détruite.

Une émotion planétaire

Animal doux et paisible, solitaire et gros dormeur (environ 19h par jour), le koala se déplace lentement. Dans une forêt en flammes, ça ne pardonne pas… Brûlés, asphyxié, blessés ou épuisés : les images de koalas victimes des incendies ont bouleversé le monde entier. Une émotion planétaire qui s’explique par l’empathie naturelle que nous ressentons vis-à-vis de l’irrésistible marsupial. Comme les dauphins, les baleines ou les pandas, le koala est le chouchou de notre espèce. D’abord parce qu’il ressemble à une adorable peluche vivante. Ainsi une étude australienne publiée dans le Mammal Review a montré en 2015 que plus une espèce était considérée comme « moche », moins elle avait de chance d’être étudiée par les scientifiques et d’être protégée.

Mignon comme un bébé !

Peut-être aussi parce que le koala exprime, à travers son regard et ses attitudes, quelque chose de profondément humain. Sa face toute ronde avec ses petits yeux proches du nez reprend les proportions du visage des bébés. Même le cri qu’il pousse en situation de stress ressemble à celui d’un nourrisson. Konrad Lorenz, un scientifique et éthologue autrichien, a ainsi créé l’expression «Kindchenschema». Ce mot-valise désigne l’aptitude humaine à réagir de façon innée face à des êtres vivants qui ont des similitudes avec les bébés. Plus un animal ressemble à un nouveau-né, plus on aura tendance à le trouver mignon. Et si celui-ci est vulnérable, incapable de se protéger lui-même, nous aurons alors le réflexe instinctif de lui porter secours. Difficile de résister à cette tendance : notre cerveau est alors comme piraté par un processus neuronal puissant : nous sommes programmés pour prendre soin de notre progéniture. Mais, collectivement, pensons-nous réellement au bien-être des générations futures ? Car le sort du koala dans le brasier australien, évoque aussi fatalement celui de l’homme face aux catastrophes écologiques qui menacent la planète. Et son déni…

Eric Jamin

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