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Comment se débarrasser de ses préjugés de genre en 3 leçons

Sexiste ? Moi jamais ! Pourtant les stéréotypes de genre sont particulièrement bien installés dans notre cerveau. Cet exercice vous aidera à vous en défaire.

Vous pensez ne pas avoir de préjugés sexistes… Pourtant, tout le monde trimballe avec soi tout un corpus d’idées reçues, apprises inconsciemment. Notre cerveau est comme une éponge qui absorbe les représentations présentes dans notre environnement, dans les médias, par exemple. Et concernant le rôle dévolu aux femmes et aux hommes dans la société, les stéréotypes sont particulièrement bien installés dans notre tête ! Une étude italienne a ainsi montré récemment que ceux-ci étaient aussi ancrés dans notre cerveau que la syntaxe de notre langue maternelle…  Toute affirmation violant ces représentations ( comme par exemple « perdre sa pipe en sortant de la classe de danse classique » ou bien « en changeant l’huile du moteur, elle s’est tachée« ) sont ainsi traitées dans notre cerveau de la même manière qu’une erreur de grammaire ou d’orthographe ! Mais heureusement, nous pouvons tenter de contrer ces schémas de pensées automatiques qui nous brident. Voici trois conseils à suivre pour partir à la chasse de vos propres stéréotypes…

1) Prenez conscience de vos propres préjugés. La première chose à faire est donc d’accepter le fait d’avoir des préjugés implicites parce que nous vivons dans une société où ceux-ci sont courants. Surtout, ils concernent tout le monde, hommes comme femmes. Ces préjugés déterminent vos comportements et vous amènent forcément à avoir des réactions automatiques. Pour mesurer la prégnance de ces biais de jugement inconscients, les scientifiques utilisent ainsi un type de test appelé  les Tests d’association implicite (IAT) mis au point dans les années 90 par des psychologues américains. Ces tests débusquent les associations d’idées automatiques. Il consiste généralement à classer très rapidement des mots dans des catégories. L’un de ces tests, par exemple, débusque le stéréotype selon lequel les hommes seraient plus doués pour les sciences et les femmes pour les lettres. Si vous mettez plus de temps à ranger les mots liés au féminin dans la catégorie « sciences » ou bien ceux liés au masculin dans la catégorie « lettres », c’est que votre cerveau n’a pas pris l’habitude de faire des liens cognitifs entre ces deux concepts. Et cela se fait, même malgré vous…  

2 ) Donnez-vous des règles pour contrer vos réactions spontanées. Pratiquez le plus possible l’auto questionnement (Qu’est-ce qui me pousse à réagir de cette manière ?) Nous sommes nous-mêmes victimes de nos propres stéréotypes.
Les stéréotypes sexistes sont particulièrement présents dans le monde du travail. Si vous vous trouvez en position d’émettre un avis, un jugement sur une personne – s’il s’agit par exemple, de l’un de vos employés, d’un candidat pour un emploi, ou un élève que vous devez évaluer si vous êtes professeur- il faut, autant que possible, vous imposer des règles claires afin que vos préjugés ne viennent pas perturber votre jugement : adoptez la méthode des CV ou des copies anonymes. Si cela n’est pas possible, ayez toujours une grille d’évaluation très précise afin d’être certain d’être le plus objectif possible. Une étude récente a montré que lorsque la mention  » grande intelligence » était requise pour un poste, les femmes avaient près de 40% de chances en moins d’être recommandées…

3) Pratiquez les jeux de rôles. Nous avons, heureusement, en nous la capacité de nous auto-réguler. Dans notre cerveau, deux zones spécifiques, le cortex cingulaire antérieur qui gère la détection de l’erreur et notre capacité à nous mettre à la place de l’autre, et le cortex préfrontal, travaillent à reconnaître nos biais implicites et à les dépasser. Nous le faisons d’ailleurs naturellement lors de certaines situations de la vie courante. Une stratégie consiste à utiliser consciemment ces zones du cerveau qui nous aident à corriger nos préjugés implicites. Et surtout, le cortex cingulaire antérieur, qui régit notre capacité à nous mettre à la place de l’autre, à comprendre sa position. Comment ? En faisant des jeux de rôles, en se forçant à se mettre à la place de l’autre. Vous pouvez le faire à la maison en famille, en vous échangeant les rôles. Prenez le temps, ça vaut le coup et c’est souvent très efficace !

Eric Jamin

Sources et références
-Le test d’association implicite :https://implicit.harvard.edu/implicit/Study?tid=-1
-Les travaux de David M. Amodio sur les préjugés : https://amodiolab.org/wp-content/uploads/2015/02/Amodio-2014-Nat-Rev-Neuro.pdf
-Sur les préjugés sexistes concernant l’intelligence https://www.researchgate.net/publication/329013535_Evidence_of_Bias_against_Girls_and_Women_in_Contexts_that_Emphasize_Intellectual_Ability

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