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Egan Bernal, ou la maîtrise de la VTA

Pour maintenir leur motivation au sommet, les sportifs comme le maillot jaune du Tour de France activent l’interrupteur de volonté du cerveau, la VTA.

Comment font les cyclistes du Tour de France pour avaler tous ces kilomètres jour après jour, grimper toutes ces côtes, se donner à fond jusqu’à l’épuisement un jour, puis recommencer le lendemain ? On ne parlera pas ici du dopage mais de ce qui caractérise tous les grands sportifs : la motivation !

Un calcul au sommet

A l’origine, il y a un calcul effectué par le cerveau dans une zone précise du cortex orbitofrontal. C’est là, précisément entre les deux yeux, que tout se joue. Comme un souverain qui consulterait ses conseillers avant de prendre une décision, notre cortex y convoque deux systèmes cérébraux. Le premier évalue le bénéfice de l’action. C’est le circuit de la récompense qui implique deux régions cérébrales : le cortex orbitofrontal et le striatum ventral, et un neuromodulateur, la dopamine. Et l’autre, le système de l’effort – impliquant le cortex cingulaire, l’insula et la sérotonine – évalue son coût. Le rapport des deux, appelé la « valeur nette », permet au cerveau de déterminer s’il faut s’engager dans l’action. » Ainsi, plus la valeur nette d’une action est élevée, plus la motivation sera forte. Et plus le moteur sera puissant.

Muscler sa motivation

Mais comment fait-on pour maintenir la motivation, lorsque tout se complique, quand les coûts sont trop importants ? Comme lorsqu’on participe au Tour de France ? Car c’est bien là que ça coince souvent : imaginez que vous rouliez depuis de longues heures. Vos jambes sont en bois, vous n’en pouvez plus. Vous pouvez soit vous arrêter maintenant et être soulagé, mais vous n’aurez pas réussi votre pari. Ou décider de tenir. Celui qui continue va alors réussir à privilégier les bénéfices sur le long terme plutôt que la satisfaction sur le court terme, le soulagement, s’il s’arrête. C’est ce qu’on appelle la capacité de contrôle.

Un interrupteur de volonté

C’est cette capacité de contrôle qui permet aux grands sportifs comme Egan Bernal de briller. Et devinez quoi ? Elle se travaille ! On peut entraîner sa capacité de contrôle. Comment ? en tentant d’activer son aire tegmentale ventrale (la VTA, ventral tegmental area, en anglais), une région importante du circuit de la récompense, qui produit de la dopamine. C’est l’étonnante découverte de chercheurs de l’université Duke en Caroline du Nord qui ont utilisé la technique du neurofeedback. Ceux-ci ont ainsi demandé à des volontaires, placés dans un scanner, de se motiver
eux-mêmes en utilisant des stratégies personnelles. Certains en se remémorant les mots d’un parent ou d’un entraîneur. Ils pouvaient eux-mêmes vérifier si leurs pensées activaient ou non leur VTA grâce à une sorte de thermomètre placé devant eux. Les participants ont ainsi testé plusieurs méthodes d’auto-motivation jusqu’à ce qu’ils trouvent la bonne, celle qui maintenait la jauge le plus haut possible et donc leur VTA la plus active. Comme si celle-ci était en quelque sorte un interrupteur de volonté.

Muriel Sainte-Croix

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